LE NAUFRAGE DE L’ESTRID

Dans la nuit du 3 février 1933, l’Estrid, commandé par le capitaine Nielsen, faisait route pour doubler la chaussée de Sein. Les conditions météorologiques étaient mauvaises. Perdu dans la brume, le vapeur s’échoua à 3h00 du matin sur un platier de roches et de galets près de la Pointe de Lervilly, commune d’Esquibien, à quelques centaines de mètres à peine du rivage. Les signaux lumineux et le beuglement de la sirène du cargo attirèrent l’attention des guetteurs du sémaphore de la pointe de Lervilly.

La mer déferlait sur le plateau rocheux et le canot de sauvetage de la station d’Audierne, mis à l’eau dans l’urgence, ne pouvait approcher directement la coque du cargo. L’évacuation de l’équipage se fera donc le matin au moyen d’un va-et-vient installé au moyen d’un câble entre le vapeur et le canot de sauvetage. Les roches avaient déchiré le fond de la coque du cargo en plusieurs points. Le renflouement du cargo se révéla donc irréalisable et le navire fut abandonné. »

Dans les semaines qui suivirent, l’Estrid, toujours soumis à la violence des flots, se brisa en plusieurs tronçons, répandant sur toute la côte, de la pointe du Raz à Plouhinec, sa cargaison d’oranges pour le plus grand bonheur des riverains qui profitèrent de cette manne. A l’époque, la consommation d’oranges dans les campagnes françaises était beaucoup moins fréquente qu’aujourd’hui, comme tous les produits importés qui coûtaient très cher. La partie arrière, au ras du château central fut la première à être arrachée. L’Estrid s’effondrera lentement sur place, dans quelques mètres d’eau, démantelé par les déferlantes.

Aujourd’hui, les restes de l’épave sont éparpillés à une dizaine de mètres de profondeur, aux coordonnées : latitude 48° 00’ 015 N; longitude 04° 34’ 352 W. Les vestiges actuels se composent de portions de fonds de carène et de ballasts couverts de laminaires et dispersés dans les galets et entre les roches. Quelques éléments lourds et compacts comme le guindeau, les ancres et l’arbre d’hélice sont également visibles sous les algues. Le vestige le plus important est la chaudière, basculée verticalement dans les galets.

Tout l’équipage fut sauvé par le canot « Général-Béziat » et ses 12 marins, commandés par le patron Raymond Couillandre, d’Audierne. Les canots de sauvetage de la Société Centrale de Sauvetage, qui allait devenir par la suite la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer), remplissait les missions les plus dures pour venir en aide aux navires en perdition, uniquement au moyen de canots à avirons qu’ils n’hésitaient pas à sortir par tous les temps, souvent au péril de leur vie, mais il était inconcevable pour ces héros d’abandonner un équipage, quel qu’en soit le prix à payer.

Site internet « plongée-info.com » Février 20218

Cette cloche de quart en bronze porte, comme il est d’usage, le nom du cargo danois sur lequel elle était embarquée.

Elle a été récupérée après le naufrage du vapeur l’Estrid en provenance d’Espagne par une nuit de tempête noyée, de surcroît, dans une brume épaisse qui l’a fait talonner à la pointe de Lervily (Esquibien) le 3 février 1933. Terrible erreur de navigation alors qu’il cherchait à passer le raz de Sein, à destination de l’Angleterre, ses soutes pleines d’un chargement d’agrumes et d’oignons.

Construit en 1924 à Copenhague, le cargo mesurait 72 mètres de long pour 11 mètres de large et 5 mètres de tirant d’eau.

Aucun des remorqueurs appelés ne purent désengager la coque du navire qui finit par s’éventrer, offrant ses oranges à la population.